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Des formations pour bénévoles de la Maison du Néerlandais

Saviez-vous qu’à Bruxelles, 60 bénévoles animent chaque semaine 8 tables de conversation en néerlandais ? Ces bénévoles sont soutenus et guidés par la Maison du Néerlandais, par exemple lors de sessions de formation durant lesquelles ils peuvent échanger leurs expériences et apprendre de nouvelles techniques de conversation. Qui sont ces bénévoles ? Qu’est-ce qui les motive ? Nous sommes allés à leur rencontre. 

Les participants, qui ont des niveaux de néerlandais très variés, s’assoient autour d’une table et engagent la conversation en néerlandais. L’objectif consiste à parler pour apprendre. Un bénévole néerlandophone modère la conversation.

« Grâce aux tables de conversation, on réalise que l’on n’est pas si différents les uns des autres »

« C’est la première fois que nous pouvons à nouveau nous réunir et cela fait un bien fou », déclare Lynn. Elle travaille dans l’équipe de promotion et de pratique de la langue à la Maison du Néerlandais. Elle organise des formations à destination des bénévoles en collaboration avec Nele, le point de contact des organisations bruxelloises qui souhaitent mettre en place des tables de conversation en néerlandais. « Il s’agit vraiment de tables de conversation au sens littéral. Les participants, qui ont des niveaux de néerlandais très variés, s’assoient autour d’une table ou d’une natte de pique-nique et engagent la conversation en néerlandais. L’objectif consiste à parler pour apprendre. Un bénévole néerlandophone modère la conversation. Il est essentiel que le modérateur maîtrise son rôle à la perfection, car il influence la qualité de la discussion. »

La Maison du Néerlandais organise donc régulièrement des sessions de formation à l’attention de ces bénévoles. À cette occasion, ils reçoivent des conseils sur la manière de créer un climat de confiance propice à la discussion, apprennent de nouvelles techniques de conversation et découvrent de nouveaux équipements qui les aideront durant les sessions qu’ils animent.

Je suis donc constamment à la recherche de nouvelles techniques pour rendre mes sessions aussi instructives que possible. C’est pour cette raison que je suis ici

Wouter, modérateur, est le premier à entrer. La cinquantaine, l’air sympathique. Il semble ravi d’être là. « J’organise des tables de conversation depuis 3 ans pour l’asbl Archives et musée de la vie flamande à Bruxelles, située Quai aux Pierres de Taille. Lors du pic de la pandémie, nous organisions les tables de conversation en ligne, mais nous sommes maintenant de retour en présentiel. Je suis donc constamment à la recherche de nouvelles techniques pour rendre mes sessions aussi instructives que possible. C’est pour cette raison que je suis ici », explique Wouter. Nele lui demande de choisir une photo, parmi celles exposées sur la table, qui reflète ou ne reflète pas du tout sa personnalité. Le premier exercice démarre directement. 

C’est à cet instant que Derk frappe à la porte. L’enthousiasme de ce Néerlandais saute aux yeux. Auteur de livres, il anime des tables de conversation au centre de services local Miro à Forest. « Ma principale motivation consiste à créer des liens avec les habitants de mon quartier à travers cette activité.Et aussi convaincre les gens d’apprendre le néerlandais et de comprendre leurs besoins. » Felix le suit de peu. Il accompagne les modérateurs qui animent des tables de conversation à la bibliothèque d’Uccle. Et enfin, Michaëla fait son entrée. Arrivée d’Allemagne en septembre 2019, elle participe régulièrement aux tables de conversation de Babbelut depuis février 2020. Sa maîtrise du néerlandais est déjà excellente. « Auparavant, les langues étrangères ne m’intéressaient pas beaucoup, mais les tables de conversation ont éveillé une passion chez moi. Je ne veux pas parler allemand ou anglais à Bruxelles, je veux m’exprimer en néerlandais ou en français. Cela participe à mon intégration. Mon niveau en néerlandais est bon, tandis que je débute en français. J’espère bientôt trouver un travail en néerlandais, ce serait génial », déclare Michaëla. Une participante aux tables de conversation qui participe également aux sessions organisées pour les modérateurs… Aucun doute, Michaëla est fan ! 

Lynn et Nele demandent aux quatre participants de former deux groupes et d’apprendre à se connaître à travers les photos qu’ils ont choisies. Michaëla fait équipe avec Wouter. Sa photo illustre une femme qui crie. « Pourquoi as-tu choisi cette photo ? », demande Wouter. « Parce que je n’aurais jamais imaginé prendre autant de plaisir à apprendre une langue. Je n’ai jamais autant travaillé les langues qu’aujourd’hui. Cela permet d’entrer en contact avec tellement de gens et tellement de cultures. J’adore ça ! », répond Michaëla Et Wouter ? Pourquoi a‑t-il porté son choix sur un arbre rempli de feuilles ? « Parce que j’aime l’automne et parce qu’un grand arbre est en train de mourir dans mon jardin. Il se trouve à l’automne de sa vie », plaisante-t-il. Mais il s’agit de billets de banque, pas de véritables feuilles dans cet arbre », souligne Michaëla. « Cet arbre n’est certainement pas en train de mourir », déclare-t-elle en riant. 

Asseyons-nous par terre, ce sera plus agréable, non ?

La musique qui passait en fond sonore s’arrête, signalant qu’il est l’heure d’intervertir les groupes. Il s’agit d’un nouvel exercice, les bénévoles vont donc apprendre tout en le faisant comment l’intégrer aux sessions qu’ils animent. Nele et Lynn de la Maison du Néerlandais les rejoignent. Wouter se trouve à présent avec Derk. « Asseyons-nous par terre, ce sera plus agréable, non ? », propose Derk. « J’ai choisi une photo avec des livres. Parce que je suis écrivain, mais surtout parce que j’aime collectionner les livres. J’en ai beaucoup distribué lors de mon dernier déménagement, mais il m’en reste encore beaucoup trop. » Un peu matérialiste ? « Uniquement lorsque cela concerne les livres ! »

Au bout d’un quart d’heure, le premier atelier s’achève et les participants passent aux quatre « roses ». Il s’agit d’une palette de couleurs sur laquelle chacune d’entre elles a une signification : les choses à faire, celles à ne pas faire et les questions les plus pressantes concernant un thème particulier abordé lors des tables de conversation. Pour commencer, les participants écrivent les choses à faire et à ne pas faire ainsi que leurs questions sur un post-it qu’ils collent sur les roses. Ils s’assoient ensuite autour de la table et discutent de ces roses. L’objectif consiste ici à identifier ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins lors des tables de conversation, et ce à quoi les bénévoles ont déjà été confrontés.

Ils commencent par la rose « enthousiasme ». Wouter pose immédiatement sa question : comment faire pour attirer plus de monde à mes tables de conversation ? « J’ai un nombre élevé d’habitués, mais il est difficile de continuer à convaincre des participants individuels », explique-t-il. « Si vous souhaitez fidéliser le public à vos tables de conversation, il faut en organiser suffisamment. Une fois par mois, cela ne suffit pas. Les gens veulent venir plus souvent. Il faut créer une dynamique de groupe à travers des réunions régulières », conseille Nele. Parmi les choses à ne pas faire, il y a le post-it : « Ne pas interrompre ». En tant que participante expérimentée, Michaëla marque son désaccord avec ce point : « J’aime quand la conversation est dynamique, quand chacun n’est pas obligé d’attendre son tour pour parler. » Derk la rejoint sur ce point : « J’essaie en priorité de laisser les participants se poser eux-mêmes des questions. Cela donne lieu à des discussions passionnantes. Par exemple, je ne fais pas de tour de présentation, mais je propose à chacun de poser une question à un autre participant. » Ils apprennent ainsi à se connaître et ont chacun leur propre manière de procéder. 

J’essaie en priorité de laisser les participants se poser eux-mêmes des questions.
Cela donne lieu à des discussions passionnantes. Par exemple, je ne fais pas de tour de présentation, mais je propose à chacun de poser une question à un autre participant.

En route vers la rose « oser parler ». Sur la zone « À ne pas faire », on retrouve « ne pas relever les erreurs de prononciation ». « Ah, c’est la partie la plus difficile », affirme Lynn. « Vraiment ? », demande Dirk. « Oui.C’est beaucoup plus simple de corriger une erreur grammaticale qu’une mauvaise prononciation », répond Lynn.« Mais nous devons tout de même tenter d’améliorer cette prononciation, n’est-ce pas ? », demande Derk. Lynn lui donne alors le conseil suivant : « Si ce défaut de prononciation conduit à une mauvaise compréhension du message, alors il faut absolument la signaler. » Derk demande alors si l’on peut parler de politique autour d’une table de conversation. « Oui », dit Lynn. « Si vous sentez que le groupe est ouvert à cela, pourquoi pas ?Mais si vous sentez que certains participants restent soudain en dehors de la discussion, il est alors préférable de changer de sujet. »

Les sujets et les questions se succèdent. Il reste deux roses à passer en revue. La demi-heure prévue est largement dépassée alors que les participants doivent encore découvrir un certain nombre de nouveaux supports de discussion. Jeu de l’oie, nuages de mots, etc. différentes manières de faire parler et d’apprendre le néerlandais de façon originale. Et d’après Felix, c’est nécessaire : « Je suis né et j’ai grandi à Bruxelles. Je sais à quel point il est important de pouvoir communiquer dans une autre langue. Se comprendre, ça change tout. Il n’est pas nécessaire de la maîtriser parfaitement. Savoir comment enseigner à quelqu’un le vocabulaire de base en néerlandais afin de pouvoir mieux se comprendre constitue déjà un immense pas en avant. Et chaque petit effort compte. »

Une analyse que partage complètement Nele de la Maison du Néerlandais : « L’enjeu des tables de conversation ne concerne pas uniquement le néerlandais, mais aussi les rencontres qu’elles impliquent. Les gens se rassemblent et apprennent à se comprendre malgré leurs origines ou leur culture différentes. Ils découvrent alors que nous ne sommes finalement pas si différents, tant que nous nous comprenons. C’est la force des tables de conversation. Et les animateurs jouent un rôle essentiel à ce niveau. » Sa collègue Lynn confirme ses propos. « L’avantage de ces tables de discussion, c’est que l’on apprend le néerlandais dans une ambiance conviviale. Il ne s’agit pas de suivre un cours de langue derrière un banc. Cette formule connaît beaucoup d’abandons. Les tables de conversation constituent une alternative intéressante. On peut dire aux Bruxellois : pas besoin d’aller à l’école pour apprendre le Néerlandais, il suffit de s’asseoir autour d’une table et de parler. Quand et où vous voulez. N’est-ce pas génial ? », conclut-elle. 

Évidemment c’est génial. Les tables de conversation font toute la différence grâce à l’engagement et à la passion de ces bénévoles. 


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